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à Daniel Arasse

Il y a des jours bénis où les choses nous sont données. Le même jour j’ai trouvé une villa sur les hauteurs de Florence, à Settignano , c’était une villa entourée de roses et d’oliviers; et ce même jour à l’institut français Daniel Arasse m’a donné un atelier pour toute l’année 1984.
A cette époque Daniel Arasse dirigeait l’Institut français de Florence et à notre première rencontre il m’a immédiatement proposé une salle de classe vide, située tout en haut de l’institut, avec une petite terrasse et des iris. La salle était carrée, avec une grande baie vitrée et un silence total. C’est là que j’ai peint mes Iris et mes Anémones et les premières esquisses des Terrasses.
De lui, je garde le souvenir d’un homme avec beaucoup de panache, brillant, beau gosse,un brin provocateur, d’une intelligence lumineuse….quelque chose d’un prince.

De temps à autre il venait me chercher à l’atelier pour un apéritif ou un repas en tête à tête, ou avec ses invités de l’institut.
J’ai en mémoire nos conversations sur les anges de la peinture, sur la perspective, sur les Ménines…il était habité par le mystère de la peinture quand il parlait ; et ça, ça me plaisait. Je me suis toujours senti une dette envers lui …
En lisant recemment  » Histoires de peinture » , la transcription des 25 entretiens qu’il a donnés sur France Culture, je l’ai retrouvé, le même, toujours habité par le mystère; comme si dans sa parole il y avait la joie, l’impatience qu’on éprouve devant quelque chose qui est de l’ordre du mystère. Sa pensée est si vive si vivante que je continue le dialogue avec lui.